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22/02/2013

Journal désinvolte 22/02/2013

Un pays: une réalité historique, sensible et intelligible, une poétique de l'espace, des légendes, une tradition. La société: une abstraction anonyme, aux agissements obscurs. La société conduit désormais une guerre civile impitoyable contre le pays. Tout pays est un royaume.

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L'utilitarisme économique est le siphon où disparaissent toutes les formes élémentaires de la dignité, de l'honneur, de la grandeur d'âme, et avec elles, la nature elle-même; comme il est parfaitement logique que la nature soit souillée à la suite de la spoliation de la Surnature.

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Lorsque l'on considère, en logique sociale, que certains hommes sont plus utiles morts que vivants, on les tue. Dans les sociétés moins ingénues, plus retorses, on commence par les réduire à la misère et leur ôter la parole. Donner comme horizon d'espérance la "croissance économique", c'est non seulement ôter toute espérance, c'est le faire d'une façon particulièrement insultante.

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Une société soumise à l'utilitarisme économique s'évertue non à s'enrichir mais à créer les conditions où chacun se trouvera contraint et forcé à ne penser qu'à s'enrichir. Ce qui implique la réduction de tous les espaces, d'autarcie, de luxe, de liberté et de bonheur. L'intelligence humaine s'en trouve extraordinairement rétrécie.

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La disparition de certaines facultés de l'entendement humain a ceci de fatal, qu'une fois disparues, nul ne se souvient qu'elles furent naguère exercées. Nous assistons à l'installation progressive d'une infirmité normative. La logique décline en même temps que la perception sensible. Tout se ramasse en des émotions primaires (peur, convoitise) dont les publicitaires et les politiciens indistincts usent à loisir. La réduction du spectre du sensible et de l'intelligible rapproche l'homme de la machine dont il convoite les pouvoirs.

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La haine des nuances est au principe de l'utilitarisme: haine des nuances qui ralentissent l'action, ouvrent à la contemplation "des nuages, là-las, là-bas, les merveilleux nuages" qu'évoquait Baudelaire. Dans le monde moderne, tout homme de nuance est un "extraordinaire étranger". On peut encore différencier quelque peu les sociétés selon l'acceuil qu'elles réservent à cette sorte d'étrangers, dont l'étrangeté est d'autant plus radicale qu'ils n'ont pas quitté leur pays; c'est leur pays qui est chassé autour d'eux, et ils en demeurent les ultimes témoins.

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Toute la difficulté consiste alors à ne pas dramatiser la situation, à garder sa désinvolture comme l'un de ses biens impondérables.

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Dernier livre paru (collectif)

Entretiens avec des Hommes remarquables, préface d'Alain de Benoist, éditions Alexipharmaque

www.alexipharmaque.net

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Malcolm de Chazal.

Malcolm de Chazal.doc

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20/02/2013

Journal désinvolte 20/02/2013

Les êtres et les choses ont pour point commun d'être uniques. Les jours se ressemblent par leur diversité. Il en va de même des heures, des minutes et des secondes. Si vous vous ennuyez, n'accusez que vous-mêmes, ou le monde ennuyeux auquel vous collaborez.

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Seuls sont à l'honneur de Dieu, et de l'infini de sa Création les actes gratuits. L'immense gratuité de la Création inquiète et scandalise les calculateurs, les impies. Une religiosité utilitaire obture sa source. Le reproche moralisateur adressé à l'inutilité est une négation du bien, de la bonté même qui agit sans contreparties; sans quoi elle ne serait que calcul. L'inutile est l'Essentiel.

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L'efficacité à court terme est au détriment du rayonnement. Les oeuvres qui trouvent immédiatement leur place dans leur temps disparaissent avec lui. Le rayonnement d'une pensée, d'un acte, d'une oeuvre, d'un moment, tient à la conception du temps, non plus linéaire mais sphérique. Ce qui rayonne ne poursuit pas un but mais va d'un point central vers tous les points proches ou lointains dans une communion essentielle, pour la seule gloire. La logique, si dénigrée en ces temps d'émotions faciles, opère, elle aussi, en mode rayonnant. Au coeur est le silence du Logos, du Verbe, que l'on rejoint en partant d'une quelconque périphérie.

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On distinguera deux façons de voyager. L'une moderne, touristique, fuyante, qui va de la périphérie vers le lointain, l'exotique et l'exotérique. L'autre initiatique, qui va, quittant la périphérie, vers le centre.

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Les humains, en proie à leurs ressentiments utilitaires, passent à côté les uns des autres comme ils passent à côté des paysages et des oeuvres. On comprendrait que les misérables fussent accablés par la "gestion" de leur quotidien, on le comprend moins de la part des repus.

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Nous ne cherchons pas à convaincre. Nous allons en paix. Il est trop tard pour nous faire taire. Nous vivons dans l'amitié de la lumière changeante. Ce sont les changements de la lumière qui écrivent à travers nous.

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Je n'aime pas le passé; j'aime le présent du passé; vertus claires, immémoriales, fidélités, droitures, mais aussi ombrages et secrets.

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Prendre chaque jour un moment pour prendre le diapason - c'est-à-dire la mesure de sa fragilité et de la fragilité de tout. La valeur des êtres tient à ce qu'ils peuvent succomber à tout moment.

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La frugalité est un principe hédoniste. La quantité est toujours restrictive. Le bourrage moderne (d'informations, de biens de consommation) suscite non seulement le dégoût mais exerce une action directement privative. Exemple: plus il y a d'êtres humains réunis dans un seul lieu et moins ils échangent. Plus nombreux sont nos interlocuteurs et moins nous reçevons d'eux, et inversement, moins ils reçoivent de nous. Communication de masse: assommoir.

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Dernier livre paru (collectif)

Entretiens avec des Hommes remarquables, préface Alain de Benoist, éditions Alexipharmaque.

www.alexipharmaque.net.

 

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18/02/2013

Journal désinvolte, 18/02/2013

La méthode commerciale, style "force de vente" appliquée à l'art, l'amour, la pensée, est une façon de se "libérer" de l'art, de l'amour et de la pensée pour se donner tout entier à l'avilissement, là où plus rien ne se distingue. La confusion générale est l'antipode de l'Inconditionné. Entre les deux, des nuances, des destinées humaines, des défaites et des victoires. La mystique de la confusion est pouvoir. La métaphysique de l'Inconditionné est autorité.

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Toutes les idéologies sont de table rase; les unes avec plus d'hypocrisie que les autres, la muséologie y remplace la destruction, le gel s'y substitue au ravage. La création poétique est mémoire, présence du passé, - présence, éternité, flèche du temps, mais verticale. Ce qui est au centre est en haut.

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Les hommes qui ne se hiérarchisent pas s'épuisent dans l'idolâtrie et dans la haine. Ils sont à plat. Rien n'y peut fleurir en beauté et en bonté. Ces prétendus philanthropes, optimistes déçus, finissent dans la haine du genre humain, ou, pire encore, dans la haine de tel ou tel sous-ensemble du genre humain.

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L'idée royale fut longtemps, et bien-au-delà de son institution politique, la sauvegarde pour chacun, d'une souveraineté intérieure. Il en demeure, ici et là, des place royales: celles de nos sagesses, de nos amours, - irrécusables épiphanies qui s'enracinent dans le ciel comme les branches d'un éclair.

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La seule égalité souhaitable est l'égalité d'humeur. L'équanimité et la politesse suscitent dans l'enfer social, d'inexpugnables places pour le colloque paradisiaque des âmes heureuses. Ici et là, une rencontre, une conversation, suffisent à sauver le monde, ou, mieux encore, à le justifier.

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Dans la comédie sociale, seuls se font entendre les singes hurleurs. Une page écrite est laissée à la voix de celui qui la lit: préséance accordée à l'hôte.

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Vouloir se faire entendre, c'est déjà consentir au malentendu. S'éloigner peu à peu du désir de convaincre, se délester du pouvoir que l'on a de persuader: long chemin de solitude qui va de la conviction à la pensée, et de celle-ci, à l'impondérable de la "montagne vide".

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La plupart des gens qui apprennent que vous avez publié un livre, avant même de vous demander de quoi il parle, vous demandent sous la couverture de quel éditeur il a été publié. Pour ceux là, qui, au demeurant, ne comprendront jamais rien au dessein ou à la vocation d'un éditeur digne de ce nom,  il y a primauté de l'emballage sur le contenu. Difficile alors de leur parler d'ésotérisme.

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Nous ne reprochons pas à la vulgarité d'être vulgaire, mais d'être totalitaire, désormais: de répandre partout "un vacarme silencieux comme  la mort". Une vulgarité à sa place serait presque rafraichissante. On en viendrait à l'aimer de ne s'exercer que dans l'espace qui lui est dévolu. Elle se laisserait visiter avec un léger plaisir, comme une contrée exotique. Hypothèses, rêveries... La réalité est une armée noire qui marche sur nous, dotée de toutes les puissances modernes; et ne trouvera en face d'elle que des rêveurs, armés de fleurets, disposés à mourir pour la beauté du geste.

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Toutes les causes sont historiquement perdues, sauf celle de l'avilissement. Mais la plus perdue de toutes les causes perdues est aussi celle qui se rapproche le plus de la victoire surnaturelle. Victoire essentielle et immédiate: lorsque la fin ne justifie plus les moyens. Les causes perdues sont un peu moins perdues qu'on nous le voudrait faire croire.

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Le fabuleux, le mystérieux, l'enchanteur, l'extraordinaire sont dans le regard, bien davantage que dans les choses regardées. A certains, tout est ennuyeux et banal. Ils traversent le monde de long en large, en touristes blasés. Leurs sens sont émoussés en conséquence de l'inertie de leur pensée.

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Vie moderne: chercher des réponses à des questions ineptes ou mal posées et trouver des solutions à des problèmes qui n'existent pas. Le Moderne se gargarise de "problématiques" précisément parce qu'il est le moins apte à saisir la nature problématique de la vie (jadis figurée par les épopées, les mythes, les tragédies).

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Chaque jour me propose des raisons de vivre, absolues et particulières. Je n'attends pas d'une abstraction ou d'une nécessité la force de me mouvoir.

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Dernier livre paru (collectif)

Entretiens avec des Hommes remarquables, éditions Alexipharmaque

www.alexipharmaque.net

 

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16/02/2013

Quoi de neuf ? Corneille.

Corneille.doc

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15/02/2013

Une lettre de Jean Parvulesco.

                                                                        Paris, le 9 juin 1996

Cher Luc-Olivier d'Algange,

comment vous remercier pour l'envoi que vous m'avez assez mystérieusement fait de votre méditation poétique Car les temps sont venus de rendre grâce ?

Mais cette illumination voilée, dont vous avez tenu à me faire le don prémonitoire, n'est-elle pas aussi, un signe confidentiel en sa transparence même, une annonce chuchotée sur la ligne de passage vers le coeur ardent de l'été, du plus grand été gnostique vers où se dirigent - sont occultement attirés - les nôtres, tous les nôtres ? A votre insu, avez-vous donc été pressenti pour cela, invité à donner cours ? Faire passer la consigne ?

De toutes les façons, à présent on le sait que les temps sont venus, et que nous sommes appelés à procéder en conséquence, chacun dans le lieu de sa prédestination propre et suivant le pari halluciné de sa dernière chance, du suprême péril.

Cependant, qu'importe notre propre mouvement de remontée existentielle vers l'être, si l'être lui-même n'est pas en venue vers nous ? L'épreuve ultime ne sera jamais la nôtre, mais toujours celle de l'être en marche vers lui-même.

Or, n'est-ce pas, de quoi peut-on rendre grâce, et à qui, si ce n'est à l'être lui-même, et pour le seul mouvement secret de sa remontée vers lui-même en nous, de l'abyssale décision en lui de nous revenir, de s'établir révolutionnairement en un recommencement autre ?

Tel aura été, à ce qu'il me semble, le pressentiment, l'inspiration élective pour lesquels vous avez été amené à témoigner. Voyez ce qui se loge en votre blessure.

Nous sommes en première ligne, c'est dans les ténèbres mêmes de la défaillance qui nous est imposée en ces temps que se dissimulent la stratégie subversive et les très hautes armes de la victoire finale. Nous l'emporterons sur tout: c'est bien ce qui s'était irrémédiablement fermé qui s'entrouvrira, et qui déjà nous entraîne vers le nouvel ouvert dans son incandescence si terrible.

Je reste votre

Jean Parvulesco

Que Infra Nos Nihil Ad Nos

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Stances diluviennes, 1978.

Stances diluviennes 1.doc

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14/02/2013

Journal désinvolte 14/02/2013

On dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions, mais, en réalité, une seule seconde d'attention suffit à nous démonter que  ces intentions étaient déjà mauvaises au départ. L'égalitarisme engendre le conflit, non seulement avec les hiérarchies (qui, en génnéral cèdent la place avec une facilité déconcertante) mais surtout, une fois installé, entre les plus ou moins nivelés, qui auront toujours les dents découvertes, non pour rire, mais pour mordre. La hiérarchie est seule également pacificatrice et bienveillante pour le supérieur et l'inférieur. Il y a dans l'égalitarisme un mauvais infini qui demeure toujours altéré d'un pouvoir qu'il n'a pas. Soif inextinguible: d'où les extrêmes disparités de fortune et de pouvoir que l'on constate dans les démocraties libérales ou, naguère "populaires" dont la vocation fut d'empécher le bonheur de l'intelligence et les formes de vie supérieure qui sont, ontologiquement, offertes à chacun.

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La plupart des sceptiques modernes qui déclarent ne croire en rien, en réalité croient à n'importe quoi, selon la mode, et ce n'importe quoi est, finalement, toujours la même chose.

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Pensée la plus courte: je crois en l'Homme.

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Tant de croyances interchangeables dans le monde comme il va, que l'on commence à comprendre à quel point le scepticisme est un art difficile et probablement réservé aux théologiens apophatiques. Celui qui ne croit pas, c'est toujours au nom de quelque chose. Qu'est-ce qui nous permet de ne pas croire, sinon Dieu ?

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Hommage à Henry MONTAIGU

Hommage à Henry MONTAIGU..rtf

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13/02/2013

La gnose romane de NOVALIS;

La Gnose romane de NOVALIS.docx

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12/02/2013

Maurice MAGRE, fidèle de MELUSINE

Maurice Magre, fidèle de Mélusine.doc

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Journal désinvolte, 12/02/2013

On trouve moins de vérité dans l'exégèse du malheur que dans celle du bonheur, d'autant que l'exégèse tourne souvent à l'éloge, sinon à l'apologie.

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Si pleine de vertus incalculables, calmes, vives, iridescentes, voyantes, chaque heure se propose et nous en disposons pour le pire ou le meilleur. On se pose, le monde s'anime. On s'agite, le monde se fige. Les plus agités ont la vue du monde la plus figée, la plus schématique. Les contemplatifs voient tourner le monde, orbes entre l'intérieur et l'extérieur, le visible et l'invisible. L'illusion néfaste d'agir sur le monde alors que c'est toujours le monde qui agit sur lui-même, avec toutes sortes d'intercessions, dont la nôtre. L'action unilatérale sur le monde et sur autrui ne peut être que de destruction. Les plus ivres de pouvoir le savent: détruire est leur seul pouvoir; ils s'y acharnent jusqu'à leur propre destruction. Le nihilisme ne serait ainsi qu'une mauvaise volonté de puissance, une subjectivité outrée, un refus de recevoir des influences.

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L'utilitarisme obtus et parcellaire du religieux (son fondamentalisme) est certes odieux mais il n'est jamais qu'un aspect de l'utilitarisme global du monde profané qui donne à chacun cette mauvaise foi et ce bon droit usurpé. Aux uns le narcissisme collectif. Aux autres, la devise: " je ne lègue rien, je consomme". Aux uns et aux autres, l'impiété.

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Rendre à la fidélité, à l'honneur, à la ferveur, à la piété, puissances invisibles, leur solennité légère.

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Mot à la mode: "respect". Dans respect, il y a crainte. Plus que jamais les hommes ne respectent que ce qu'ils craignent, ou dont ils attendent des faveurs, dont la principale est l'argent. La force même s'est entièrement liquidifiée. Argent, force liquide. La civilisation dégouline. Sentiments dégoulinants, flaques répandues de la puissance financière. Le monde moderne s'étale. Règne des étalages.

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Entre les bredouillis et la vocifération, de nouvelles générations tentent l'impossible retour à l'animalité sous l'oeil bienveillant des clercs qui discernent là une nouvelle "culture urbaine". Tout cela est immédiatement commercialisé avec l'aval des démagogues, les dates de péremption jouxtant au plus près celles de la production.

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L'érotique de la belle phrase, chez Gautier, Pierre Louÿs, les Parnassiens, certes, mais aussi, bien en amont, dans l'histoire de la littérature française. Vivacités, suavités, forces, - toute une beauté qui semble superflue à la communication, comme sont inutiles à la reproduction la plupart des gestes érotiques. D'où cette puritaine méfiance pour la beauté de la phrase que l'on trouve chez les idéologues: en littérature, ils sont adeptes exclusifs de la position du missionnaire. Surtout pas d'extravagances. Réduction du vocabulaire, restriction de la syntaxe. La plupart des critiques littéraires, dans l'esprit ce ces temps puritains, sont devenus gardes-chiourme. Pour eux les écrivains sont trop écrivains, la littérature trop littéraire, les phrases sont trop des phrases. Tout cela devrait être réduit à des "messages" qui s'abolissent dans ce qu'ils communiquent. Mais qu'en est-il alors du vent qui souffle sous les étoiles ?

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Dernier livre paru (collectif)

Entretiens avec des Hommes remarquables, préface d'Alain de Benoist, éditions Alexipharmaque

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10/02/2013

Journal désinvolte de Luc-Oivier d'Algange, 11/02/2013

En ces temps utilitaires, chacun considère autrui exactement selon l'utilité qu'il peut avoir pour lui. S'ensuit un régime d'exploitation, de bétaillisation et d'extermination.

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Les humains qui pensent qu'être humain est la vertu suprême me semblent frôler un certain ridicule dans le narcissisme.

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L'hybris à modifier son environnement, à changer les choses de place, avant précisément qu'elles prennent leur place, voici la planification contre l'harmonie, le néant qui outrecuide au détriment de l'être

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Ma chance est étroitement liée à mon risque. Tout ce qui me fut offert d'heureux , jusqu'aux degrés où le bonheur semble presque irréel, que nous n'y pouvons croire, me fut toujours donné à mes risques et périls.

C'est aussi une question d'instinct: prendre la tangente sitôt qu'on voudra vous installer dans un de ces contextes propices au suicide que le monde moderne s'ingénie à multiplier au grand bénéfice de la communication générale. Au regard des conditions qui sont faites à la vie, on s'étonne que les gens ne se suicident pas davantage. Un nerf les tient, un vice, une habitude. Tout être doué d'une minimale compassion devrait rendre au vice, qui tient en vie ses frères humains, un sincère hommage. Les moralisateurs s'exposent à être jugés moralement comme des êtres sans compassion ni bonté. Ce qu'ils sont de toute évidence; envieux par surcroît, jusqu'à la folie, des plaisirs qu'ils se refusent.

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Les démons arpentent désormais le monde en tout sens, et à grande vitesse, en "messageries instantanées". Plus de temps pour les voir venir, comme dans un roman de Buzzati ou de Gracq, ni de frontières sacrées pour les contenir. De même pour les barbares, - l'arme du barbare moderne étant la haute technologie: la technique comme vecteur de magie noire, de l'obscurantisme, de la destruction de la raison.

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A la magie noire s'oppose la magie blanche. Blancheur frémissante de toutes les couleurs. Couleurs de la "République Larbaud", je vous aime. Jaune, bleu, blanc, plages parfaites, terres tournées vers la mer ou l'océan. Portugal, visage de l'Europe découpé sur l'infini et recevant la puissance du Grand Large. D'un "rien qui est le tout", comme disait Pessoa, nous saisissons soudain qu'il est impossible d'être plus heureux que nous  le sommes à cet instant.

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Derniers livres parus:

Propos réfractaires, éditions Arma Artis. www.arma-artis.com

Lectures pour Frédéric II, éditions Alexipharmaque. www.alexipharmaque.net

 

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09/02/2013

Journal désinvolte de Luc-Olivier d'Algange, 10/02/2013

Les grands livres, eux aussi, creusent en nous un vide enchanté, ne fût-ce qu'en nous vidant de nos ressassements infirmes, en poussant aux périphéries de l'attention ce qui occupe la pensée sinistrée de nos contemporains. L'attention soudain délivrée du subalterne, du morbide, de l'obsession, s'ouvre à l'infinité de l'infime, à la simplicité du grandiose. Le Logos, alors, nous honore de ses vertus et une souveraine liberté nous vient à le servir.

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Se défier des philosophes, des ésotéristes qui, tout en parlant de sagesse, semblent crispés sur le dû et se perdent en polémiques hargneuses, personnelles. La sagesse est équanime et légère, ou point du tout.

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L'indignation est le talon d'Achille des grands esprits et la tourmente des petits.

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Chaque heure paradisiaque peut être gachée par la considération excessive d'un détail. "Ce qui ne va pas". Quotidienne propagande médiatique reproduite, à l'identique, dans chaque individu qui croit ainsi faire preuve d'esprit critique alors qu'il se laisse hypnotiser par le plus petit aspect du réel qui lui permettra de dénigrer tout le reste. Le nihilisme n'est pas le propre des "penseurs". Il est ce mouvement de fond auquel, par démagogie ou inclination personnelle, certains intellectuels se raccrochent, - et s'offrent ainsi à bon compte le plaisir d'avoir l'air malin.

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Les meilleurs écrivains sont des héros. Tant d'efforts pour perdre la considération sociale, pour se déclasser, devenir pauvre, se faire insulter par les cuistres et les bien-pensants. Le monde moderne est ordonné de telle sorte à récompenser l'incompétence, la vilénie, - et par dessus tout, l'ennui et la soumission. Rien d'étonnant à ce qu'une civilisation périclite en accéléré.

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La Monarchie était sensiblement mieux une république que ne le sont nos démocraties. Plus nos démocraties liquident l'héritage royal et plus elles s'éloignent de la res publica: on s'afflige d'avoir à énoncer, contre l'opinion générale, de telles évidences.

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Ce qu'il est presque devenu impossible d'être, dans la disparition de la Geste française: Athos, Porthos, Aramis et d'Artagnan. Alexandre Dumas, de nos jours, serait interviouvé, à longueur d'émissions "culturelles" sur ses origines ethniques, sur sa difficulté à "s'intégrer", sur son "droit à la différence". En perdant la France, nous ne perdons pas seulement une nation, une subjectivité collective, mais l'espace d'une façon d'être illustrée par ces héros de roman. Rabougrissement de l'entendement humain lorsque l'argent, le chiffre, la quantité prennent la place des Saints, des héros et des légendes. La raison s'étiole en même temps que le merveilleux. Entendre aussi, derrière la France, la Gaule mythologique de L'Astrée d'Honoré d'Urfé.

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Les Modernes dépeuplent  les lieux qu'ils s'approprient, en expropriant leurs hôtes légitimes. Tout ce qui tombe en leur pouvoir devient fantomatique, anonyme, désorienté. Le reste est laissé à sa fonction de décor pour touristes, monuments historiques ravalés, tristes muséologies. Il n'est pas dit cependant que nous serons submergés par ce nulle part. Nous reprendrons tout au début, à l'instant de l'arc-en-ciel, de l'apparition; nous inventerons n'importe où l'espace à notre mesure. Ce que le monde désacralise, rien, sinon une mauvaise timidité, ne nous interdit de le sanctifier.

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Derniers livres parus:

Propos réfractaires, éditions Arma Artis. www.arma-artis.com

Lectures pour Frédéric II, éditions Alexipharmaque. www.alexipharmaque.net

 

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Notes sur l'oeuvre d'Ernst Jünger.

Notes sur l'oeuvre d'Ernst Jünger..doc

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Journal désinvolte de Luc-Olivier d'Algange, 09/02/2013

Courir plus vite que le nihilisme ? Se retourner pour lui faire face ? Ou bien s'écarter et le laisser passer ?

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L'homme de la Tradition lègue, le Moderne consomme, ayant placé sa planète en viager à son seul profit. Générosité et mesquinerie ne produisent pas les mêmes effets. Ne nous étonnons pas de vivre dans une poubelle. Toi qui t'en plains, qu'as-tu consommé, qu'as-tu légué ?

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Je n'ai jamais si peu ni si mal étudié que lorsque je faisais des "études". Je n'ai jamais été aussi inactif que durant les périodes où j'étais dans "la vie active". Nulle part l'égocentrisme ne m'est apparu plus cuirassé qu'au milieu des gens qui se réunissent pour "parler solidarité" etc... Il devient difficile d'ironiser sur le monde comme il va, antiphrastique, de sa démarche de crabe, impossible à parodier.

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Sous le signe du docteur Mabuse, la société de contrôle va, à brève échéance, vers la connexion directe du cerveau humain avec la Machine. Le mot d'ordre est "connectez-vous !". Autrement dit, perdez radicalement ce qui pouvait encore demeurer de vos anciennes souverainetés. Qui ne voit pas dans les totalitarismes du début du siècle précédent la répétition un peu cafouilleuse d'un totalitarisme en train de se parfaire, restera dans cet en-deçà de l'esprit critique où l'on s'offre en proie aux mystifications élaborées ou grotesques.

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La pensée du puritain ou du fondamentaliste tourne toute entière, comme l'âne attaché au piquet, autour de l'acte sexuel. Le libertin, reposé de ses frasques, a le loisir de penser à autre chose.

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Nos forces, nos faiblesses, sont issues d'une même réalité: nous n'avons plus de royaume. Nous errons, aberrants d'ici ou là. Il est possible de succomber à l'absence de royaume, mais possible aussi de recréer en soi un royaume. Rien de triste. Cris de joie, courses, air libre, récréation générale ! Retour des divinités bruissantes, lumineuses, qui nous arrachent à la torpeur, au bourrage. Vide enchanté, silence florissant. Peuplons, en souverain, d'oiseaux, de vocables volages, la liberté de l'air !

 

Derniers livres publiés: Lectures pour Frédéric II, éditions Alexipharmaque. www.alexipharmaque.net

Propos réfractaires, éditions Arma Artis. www.arma-artis.com

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08/02/2013

EL ANGEL DEL ROSTRO, un poème en hommage à Ezra Pound, traduit par MIGUEL ANGEL FRONTAN

EL ÁNGEL DEL ROSTRO (1).docx

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Journal désinvolte de Luc-Olivier d'Algange, 08/02/2013

Une certaine désinvolture n'empèche nullement de mesurer les forces en présence, d'apercevoir l'armée noire qui vient sur nous, d'évaluer les conséquences du saccage, la fragilité de la beauté intelligente. Ne pas voir en face de soi cette ténébreuse ennemie, c'est se condamner à de faux combats, se complaire en de fausses tristesses. Entre le moment où nous savons que tout est perdu et le moment même de la perdition, il y a toujours, quelle qu'en soit la durée mesurable, des éternités chatoyantes, des mondes d'extase, d'inconnues flammes claires d'écumes rieuses, des beautés anadyomènes. Rien ne peut empécher la joie d'avoir été, - c'est-à-dire d'être, et mieux encore, dans le creuset du possible, un acte d'être, une ontologie à l'impératif: Esto !

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L'immortalité de l'âme est une évidence. Ce qui anime s'engendre infiniment dans son propre mouvement.

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Puritanisme et pornographie, avers en envers d'une époque sans âme, hostile, par définition, restriction mentale et rétrécissement de l'entendement, à l'Eros comme au Logos. Que sera-t-il laissé à notre bon plaisir ? Le choix de nos funérailles ?

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L'égalité devenue idéologie méconnaît la chance magnifique offerte à chacun d'être plus généreux que son voisin. Egalitarisme et pingrerie. Tout vaut tout, autant ne rien donner à personne.

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La beauté et la raison ne peuvent pas davantage contre la vengeance de la lourdeur et de la laideur que le plus beau vase chinois contre la main qui veut le briser. Nos plus honorables vertus sont à la merci.

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" Les Forts, les Sereins, les Légers". C'est ainsi que Stefan George nomme les poètes et les fondateurs, inventeurs d'une civilité à la fois immémoriale et nouvelle. Là tout est nommé de ce qui nous manque, à nous qui vivons au milieu des Faibles, des Excités et des Lourds dont l'activisme pollue le monde d'un vacarme nauséeux. Que cela fasse un peu silence, aussitôt ressurgissent les enchantements, les "paroles ailées". Nos corps se délient, se dénouent, s'enlacent aux mouvements de l'air, à la chorégraphie universelle de tout, à la musique de l'âme du monde. C'est sans effort, avec une énergie librement disponible, au bon plaisir, que la force revient dans le calme, dansante.

derniers livres parus: Lectures pour Frédéric II, éditions Alexipharmaque. www.alexipharmaque.net

Propos réfractaires, éditions Arma Artis. www.arma-artis.com

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07/02/2013

Journal désinvolte de Luc-Olivier d'Algange, 07/02/2013

Pour vivre simplement la beauté d'une heure, pour déjouer la propagande nihiliste, il faut une intelligence extraordinairement affutée. Pour déjouer la peur: le sens des nuances et des gradations. Quitte à passer pour un esthète, un joueur, un dandy, un superficiel... Le pire histrion est celui qui se présente lui-même comme un être "authentique", naturel, "simple et sincère". Ces gens là sont sur tous les écrans, à nous enduire de leurs vaniteuses bonnes intentions, dans leurs bavardages filmés, entre la maquilleuse et la passage à la caisse. Ecologistes pacifistes, "mutins de Panurge" selon la formule de Philippe Muray. Si l'on coupe le son on entend quand même leurs phrases, toujours les mêmes. Si l'on ose les contredire par l'usage courtois de la raison, aussitôt la riposte: le chantage à l'émotion.

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Les Modernes peuvent se complaire dans une culture "trash" ou "porno-chic", ils restent d'effroyables moralisateurs, puritains, vindicatifs, inquisitoriaux, persuadés d'incarner le Bien contre les méchants élitistes raisonneurs, héritiers de la culture européenne antique ou médiévale. Mentalités crispées, sur la défensive contre ce qui pourrait les délier, leur rendre la juste mesure et, "la simple dignité des êtres et des choses".

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Chez les libres-penseurs associés, qui s'en font une idéologie, la raison devient une superstition servie par une cléricature hargneuse et jalouse. La pensée libre est une pensée solitaire. Mais un homme seul peut être l'héritier excellent d'une tradition, la porter à travers le temps, en fines pointes. La vérité vibrante et musicienne, l'étincelante beauté, la bonté qui bruit et obombre, comme un feuillage sur le front, incombe à chacun.

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L'esprit prophétique dit la présence du souffle qui anime la phrase au moment où nous l'écrivons. En ce sens, il abolit le temps en une résolution qui justifie le "tout est écrit". Encore faut-il l'écrire; et notre libre-arbitre, qui se forme à notre dessein, demeure souverain, comme le sera, comme l'est déjà, au-delà du temps, la phrase que nous écrivons. Le libre-arbitre et le "tout est écrit" n'entrent en contradiction que dans une conception linéaire et usuraire du temps, parfaitement étrangère tant à la pensée traditionnelle qu'aux dernières avancées de la Physique. Cette conception linéaire n'est plus accréditée que par les banques et le "Gros Animal" qui voudraient nous voir travailler pour notre plan de retraite: illusion largement entamée.

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Ayant fondé toute morale sur l'utilitarisme, et celui-ci s'effondrant dans son propre triomphe, nos contemporains seront sauvés par la persistance d'anciennes grammaires, ou bien deviendront fous, hébétés ou fanatiques. La langue française fut longtemps cet ultime recours d'un ordre léger contre la pesanteur confuse, une façon de se détacher, d'échapper à la glu. Que peut une langue pour un esprit ?

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06/02/2013

Journal désinvolte de Luc-Olivier d'Algange, 06/02/2013

Nous ferons dans notre vie, en un peu plus grand, exactement ce que nous faisons en une journée.

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Le péril est grand, à chaque instant, de perdre son esprit, son âme et d'avoir le coeur soulevé. Vaincre en soi le dégoût, la récrimination, le grief. Le pardon est la diététique nécessaire au combattant. La haine que l'on porte en soi est toujours à l'avantage de l'ennemi.

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La patience présume la fulgurance du trait juste. Ceux qui ne savent pas attendre sont invariablement englués dans la lourdeur et dans l'inertie.

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Limites du roman psychologique ou sociologique. Ne passer à s'observer soi-même et les autres qu'un temps donné. Aller au plus bref, là où brûle d'un feu clair l'interaction de l'observateur et de l'observé.

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L'information quotidienne: despotisme de l'irrelié. Pensées en amas, ensevelissement. A partir de là, on se forme des opinions qui sont autant de refus de penser. En démocratie, ce refus ordonne jusqu'aux décisions politiques.

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Saisir le moment juste, kairos, ne serait qu'un opportunisme si nous n'étions saisis nous-mêmes en même temps que saisissants. Obéir à une instance plus haute, imprévisible, savoir la reconnaître... Lors que l'opportuniste suit simplement le courant. Le moment juste n'incline pas exclusivement à une action: il peut être aussi la corolle d'une gnose, d'une sapience. Le juste moment du non-agir: Tao.

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Trop agir équivaut à s'enferrer, encombrer. Le monde est encombré d'activistes et d'affairistes de toutes sortes.

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Les Modernes ne peuvent plus dire, ni penser, le Mal comme une défaillance du Bien. Aussi bien les voici à inventer des incongruités telle que le "crime contre l'humanité", comme s'il y avait d'un côté le crime, et de l'autre, l'humanité. Rien n'est plus humain dans sa défaillance horrible que "le crime contre l'humanité". Cessons de mentir.

 

 

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Un entretien avec Luc-Olivier d'Algange, à propos de " Lux umbra dei" et de "Propos réfractaires", éditions Arma Artis.

Entretien avec Les Flèches d'Or.rtf

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