26/08/2024
L'Ange de la Face, poème, en hommage à Ezra Pound:
Luc-Olivier d'Algange
L'Ange de la Face
Et comme jamais, la syzygie de la lumière;
elle chantera de nouveau
regardant la mer inoubliable de la cinquième dynastie
et dans le souvenir de la forme dorienne d'Hélios
ou encore au coeur du nocturne végétal....
Alors ils arrivèrent à Oxalhunca,
mais ce furent eux qui donnèrent les noms aux districts, aux puits, aux villes...
Dépouillés des insignes, nous errions
sous les aspects ténébreux, les surplis de la flamme noire
car les temps sont venus de tout dire !
" Anna Livia ! je veux tout savoir d'Anna Livia !"
Et de la liturgie astrale des Sabéens,
et d'Amon-Ré
et des prêtres de Hiéropolis...
Issus du labyrinthe des clartés et des fraîcheurs
du deuxième crépuscule avant la fin,
nous souvenant
des hommes-lumière de la Sveta-dvipa, l'Ile blanche
dont l'éclat ressemble à la
splendeur manifestée du soleil lorsqu'approche le moment
de la dissolution de l'univers.
Et plus loin de nous encore, de quelque obscure superstition,
la fragile cosmogonie de notre amour.
Alors les Anges sont venus
posant sur nos fronts l'aube de leurs ailes...
en d'autres temps.
Dans l'île de Chio, il y avait autrefois un visage
de Diane qui paraissait triste à ceux qui
entraient et joyeux à ceux qui sortaient...
Il y avait un laurier planté sur le tombeau de Bribia roi du Pont.
Les morts sont plus nombreux et nos souvenirs sont plus anciens.
Ils passent au-dessus des ruines de notre mémoire.
Et voici, dit Corneille-Agrippa,
les 72 Anges porteurs du nom de Dieu,
Schemhamphoras
et leur Table.
" Tout ce que j'avais vu jusqu'ici n'était rien en comparaison de ce que l'on
promettait de me faire voir".
Et de plus loin encore, les Anges sont venus sur l'horizon doré
au-dessus des villes de Toulouse et de Bordeaux
ce 12 Janvier 1986, en prophétie
des chevaleries de l'Aurore
et dans la profonde mélancolie échue de la couleur verte
à notre destin,
couleur de la juste doctrine...
Venus de l'orée miroitant, ils nous entourèrent
tandis que, vers la place Gemme de Dioscure,
je marchais dans la rue paramnésique
reconnaissant, je le jure, chaque visage.
Et, lentement, dans nos habits de fête, avec le pressentiment
d'une Loi incompréhensible, nous devenions inoubliables
sauvés par l'aurore boréale de la Mémoire !
Car n'est-il point venu, clair, d'une déconcertante clarté
le temps des derniers empires
dont les chants nous accompagnent avec le déclin
du derniers dieu souffrant ?
Où donc, l'interstice des mondes ?
A Göttingen, où je suis né, dans l'heure blanche qui précède
Aurora Consurgens, je relisais la Götzen Dämmerung
et les Dionysos dithyramben
dans l'Alfred Krönx Verlag,
en me souvenant des liturgies zoroastriennes de Sohravardî
"suspendu au tabernacle de l'Exaltation et de la Gloire",
et j'entendais bruire
au dessus de moi
dans l'heure bleue sombre
les Ailes de Gabriel
n'y pouvant rien.
Mais l'été à son tour disparaît à une puissance nouvelle
et les eaux claires sont le pardon.
Tout est vrai, rien n'est permis.
Nous arrivions en des Pays qui portaient déjà
les noms de notre pressentiment...
Les horloges de dissolvèrent en une écume noire
sous les phases lunaires et les rêves
inquiétants. Mais pour conjurer
le Sort,
j'offris à Vénus, la verveine, à Mercure, le quintefeuille
et à Saturne, l'asphodèle.
Nous vivions dans l'inquiétude, la lucidité et l'espoir.
Etait-ce le "commencement perpétuel"
dont parle Jacob Böhme (Mystérium Pansophicum)
ou bien la toute dernière chance des épithalames ?
Qui saurait le dire ?
" L'esprit de profondeur ne meurt point".
Nous eussions aimé que les idées devinssent des icônes;
non plus des fins
mais des aurores
comme la Maison-Dieu ou l'Impératrice des Tarots.
Hommage à vous, cathédrales, obscurités, symboles -
en ce non-pays aux terrasses d'or,
belles comme l'affabulation spectrale d'un paon nocturne,
sur la soleilleuse tragédie de l'horizon...
Et la resplendissante chorégraphie des nuages...
Tu me regardes encore à l'angle du dyptique de la nature
et de la Surnature, belle comme l'Eurydice platonicienne
dont parle Ange Politien.
La Magie Naturelle précise qu'entre les pierres
dépendent de Vénus,
le béril, la chrisolithe, l'émeraude, le saphir,
le jaspe vert, la cornaline,
"et toutes celles
qui ont une couleur belle, changeante, blanche ou verte".
Ainsi, Fluvia d'Eliasem me reçut dans sa mémoire,
vaste palais ardent disjoignant le songe du sommeil...
Venus de l'autre côté de l'horizon avec les tendres feuillages de l'enfance, nos yeux se
heurtèrent aux fenêtres inhabitées...
Les Pâques du silence vivaient dans la pierre de nos mains.
O Agathe au démon, une ombre bleue sur ton front
présageait la terreur
de la grande nuit de l'été.
Au dessous de Tiphéreth, l'Eclair étincelant allumait
les piliers de la Miséricorde et de la Rigueur,
entre Netsach l'Eternité, et
Hod, la Réverbération.
Tout cela se passait à Toulouse pour une heure
il punto a cui tutti li tempi son presenti.
Un cercle de feu tournait autour de nous,
Ariel me souriait, et dans la ténébreuse
béance de ses pupilles, mon image pour la première fois
délivrée de ses miroirs parjures
montrait
un visage d'éternité.
Et l'ombre bleue sur mon front présageait les temps venus de tout dire
et la grande nuit polaire
et la fragile cosmogonie de notre amour.
O lîlâ, jeu des nesciences dont nous fûmes délivrés -
et le souvenir d'Amon-Râ, au-delà des appartenances
de l'espace et du temps
dove s'appunta ogni ubi ed ogni quando
car Il dit: "ne vous souciez pas du lendemain" -
par les labyrinthes d'air d'un feuillage.
Il dit: "laissez les morts enterrer les morts" - et l'aube diadémée exile
au front noir des roses de sel l'ultime apparence des plus nombreux....
tandis que les rares marchent à légers pas de fantômes
vers l'Etoile Flamboyante.
Nous nous souvenions de la Loi des Ages dont parlait Hésiode.
" Et plût au ciel que je n'eusse pas à mon tour à vivre au milieu de ceux de la
cinquième race... Alors,
quittant pour l'Olympe la terre aux larges routes,
cachant leurs beaux corps sous des
voiles blancs,
Conscience et Vergogne, délaissant les hommes, monteront vers les
Eternels".
Le bondissements cadencé
des lignes télégraphiques
me rapprochait des bleuïssantes seigneuries de la mer.
En ces temps lointains - l'Age d'Or dont parlait Hésiode...
Car je suis né avant la victoire des Titans
in Héliopolis Magna
Et comme Hermès-Thoth-Mercure, sous le signe Gemme de Dioscure,
je fus le scribe de l'Ennéade divine,
créateur de langues,
Grand Magicien des Sphères au côté de Ptah
et Maître des cycles du Temps, il me souvient...
" Dans les espaces éternels
Se voient de toutes parts les traces
de l'écroulement des mondes".
Ainsi vivions-nous dans le siècle de l'arc-en-ciel,
gardant mémoire d'elles de pluies claires maudites...
De hautes ombres précédaient notre déroute. Au coeur de la nuit
s'ouvrait l'Aigle des transparences.
Et la blancheur d'or dans la cartographie des songes...
fenêtres boréales ouvertes sur le front du ciel -
Le sommeil nous fut un jardin prophétique,
une arborescence de lumière....
car il était dit, enfin,
que nous allions tomber hors du Temps.
" Dans l'étendue infinie des planes de Saturne...",
soudain je me souviens du poème d'Hermann Broch,
les longues phrases du Feu ( la Descente) et de la beauté,
une fois atteinte la limite du Temps...
Et Virgile soudain
éclaire la mémoire, après l'Alighieri,
dans ce train, entre deux villes natales
entre deux mondes - où vers les bleuïssantes seigneuries d'Annabel Lee.
" l'épaule penchée contre son genou, et il avait lu l'Egloge de la Magicienne..."
Au-dehors, des champs de tournesol se glorifiaient dans le bleu crépusculaire
et ma compagne souriait dans son sommeil.
O Geilissa, des noms de dieux appris dans l'enfance
venaient à ma rencontre
peuplant le grand espace désert de notre espoir...
Atrée, Camira, Astypalaea...
Nous cheminions avec douceur, et sans crainte vers l'ancienne cité.
1986.
23:05 | Lien permanent | Commentaires (2) | | Facebook
Commentaires
me costo un poco entenderlo demasiado extenso a mi modo de ver
Écrit par : clara muñoz | 28/08/2024
me costo un poco entenderlo demasiado extenso a mi modo de ver
Écrit par : clara muñoz | 28/08/2024
Les commentaires sont fermés.