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08/05/2013

Intempestiva sapientia, journal désinvolte 8.O5.2013

Toute oeuvre est de rendre au monde une part de sa beauté que l'on croyait perdue.

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"Le mauvais goût conduit au crime" écrivait Stendhal. Ainsi de la culture de masse qui, dans son ressentiment "anti-élitiste", n'est autre que la lancinante apologie de la Médiocrité et la haine de toute liberté conquise. Le Gros Animal social n'est pas d'aujourd'hui (la ciguë de Socrate, le supplice d'Al-Hallaj). Les esclaves sans maîtres se font esclaves de leur "collectif", - laissant aux autres, aux rares heureux, la chance magnifique d'être des Maîtres sans esclaves, Seigneurs des Formes.

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En cas de discord intellectuel: le duel, la disputatio, et non le lynchage par la racaille (fût-elle la "racaille dorée" dont parlait Nietzsche). Entre un collectif bien-pensant et un individu, la victoire est toujours, du point de vue de l'honneur et de l'Esprit, du côté de l'individu.

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Quelle sera votre barque sur la mer immobile ? Quel sera votre arbre peuplé d'oiseaux ? Votre plus musical silence ? Quelle seront votre plus beau départ et vos retrouvailles les plus claires ? Quelle sera votre nuit de joie ?

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L'été n'existe que parce que sa mémoire se brise en nous en mille éclats.

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Le passé, à qui sait le percevoir, non en Moderne mais en homme du tradere, n'est pas "révolu" mais un présent perpétuel. Ou bien un révolu qui révolutionne, qui recommence à la pointe de chaque instant.

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Tout est toujours au présent. Passé, présent et avenir sont les dimensions d'une même présence. Nous ne sommes jamais qu'au présent, et le passé, en réminiscences, est présence, comme, en pressentiments, l'avenir. L'intuition religieuse, autrefois, nous laissait entrevoir que notre présence devait, d'abstraite, devenir concrète, présence réelle, et qu'un sacrifice présidait à cette naissance du présent à la présence; que nous devions naître et renaître, être, au sens étymologique, initiés.

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Dans l'engourdissement des théologies, les poètes, Rimbaud ou Artaud, ravivent l'appel: "La vraie vie est ailleurs" ou "Nous ne sommes pas encore au monde". Sitôt renonçons-nous à cette inquiétude salvatrice, nous tombons en-deçà des bêtes, nous devenons machines. Le devenir-machine est le grand rêve du Moderne, qui songe (sans bien s'apercevoir qu'il s'agit d'un cauchemar) à une perpétuité machinale; celle-ci dans l'oubli ou la haine de l'éternité.

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Aux civilisations seigneuriales succédèrent les royales, les nationales et démocratiques, les dictatoriales, les "totalitaires". Nous voici aux réseaux planétaires, fiduciaires et virtuels; ce qui nous rapproche encore de l'insecte, du cafard-robot. Le monde se désincarne, pornographique et puritain.

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Sans le souvenir de la peau frémissante, de l'attente ardente, et la saveur des baisers, la pensée n'est plus, sinon un réflexe comptable. La plus haute conquête de l'Esprit est en miroir du désir sensible. Citons ce vers d'un Moine Zen à la recherche de l'illumination: "Je bois l'onde du sexe d'une belle".

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