10/05/2013
un article paru dans "L'Homme nouveau".
Lectures pour Frédéric II,
de Luc-Olivier d'Algange, éd. Alexipharmaque
Frédéric II, l'empereur alchimiste, est le destinataire idéal de ces essais, et celui qui fut l'une des plus hautes figures du moyen-âge nous en donne la clef: à travers lui, c'est à chacun de nous que s'adresse l'auteur, chacun de nous désencombré et comme lavé de l'accablement de la fin de l'histoire et du nihilisme post-moderne où l'on voudrait nous confiner, pour notre désespérance et notre perte. Ces méditations, qui sont aussi des poèmes, car l'auteur sait, de science innée comme on l'a su au moins jusqu'à Dante, que la beauté est nourricière de sapience, représentent un appel à une chevalerie spirituelle: " l'air est léger, nous respirons la rumeur des feuilles et notre mélancolie devient soudain l'écrin d'une joie presque lancinante..."
Contre la tyrannie du banal et le totalitarisme de l'informe, dont il donne un diagnostic aussi précis et effrayant que salutaire ( "Hypnosophie de l'Europe", "Notes sur le fondamentalisme démocratique") et puisque "le Moderne excelle à faire du remède un mal et à changer l'or en plomb", Luc-Olivier d'Algange convoque quelques grands intercesseurs de la cour de Frédéric II: Friedrich Nietzsche, Stefan George, Fernando Pessoa, Henry Montaigu, pour qu'ils nous rapprennent que "le poème dont la nécessaire témérité spirituelle révèle en nous la sainte humilité est l'Arbre tout entier (...) avec ses racines, ses branches, ses fruits, ses bruissements, et même les oiseaux qui viennent s'y poser et nous parlent la langue des Oiseaux... Sachons entendre ce qui nous est dit dans le silence du recueillement, sachons dire ce qui ne se dédit point, dans la fidélité lumineuse de la plus haute branche qui vague dans le vent. Les dieux sont d'air et de soleil, le Christ est Roi et l'Esprit Saint veille, par sa présence versicolore, sur notre nuit humaine."
Philippe Barthelet
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