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06/03/2013

A propos de Villiers de l'Isle-Adam

Extrait d'un article de Philippe Barthelet ( Valeurs Actuelles, 26 avril 2012)

Axël

d'Auguste de Villiers de L'Isle-Adam

La vertigineuse beauté de ce drame, l'un des plus nobles et des plus étranges de notre théâtre, contredit à elle seule cette loi d'insignifiance qui, de la tragédie classique au mélodrame romantique, veut que le fond soit sacrifié à une forme de plus en plus incertaine. Axël est un traité de "haute magie" dont un de nos écrivains les plus purs a fait ce "mystère" d'un genre inédit, - soit l'initiation d'un élu et la traversée successive des mondes religieux, tragique, occulte, passionnel, jusqu'à l'héroïque délivrance que seules les âmes moins bien empennées prendront pour un suicide: "Vivre, les serviteurs feront cela pour nous". L'éditeur Arma Artis, a eu l'heureuse idée de le faire préfacer par Luc-Olivier d'Algange, non pas un spécialiste de Villiers de L'isle-Adam, mais son héritier."

*

Préface à Axel de Villiers de l'Isle-Adam ( extrait)

Les préfaciers qui, parfois, mesurent mal l'honneur qui leur est fait de présenter un oeuvre, c'est-à-dire de la rendre présente, de la restituter à cette présence réelle qui est faite de ressouvenir et de pressentiment, abusent en général des références historiques. Par crainte de s'impliquer eux-mêmes dans l'oeuvre qu'ils devraient défendre, et avec laquelle la chance leur est offerte d'entrer en conversation, ils s'évertuent à "l'insérer dans son temps", non sans la prétention un peu vaine de l'expliquer par les circonstances qui la virent naître. Le pessimisme, la rage, ou, plus vaguement les "idées" de tel auteur auraient ainsi pour cause, une guerre passée, le déclin de la classe sociale à laquelle il appartient; lorsque qu'on ne cède pas, la mode en étant heureusement un peu passée, à la psychologie ou à la psychanalyse.

Cette mise à distance de l'oeuvre par le contexte, en fournissant au lecteur des pincettes articulées pour s'en saisir, laisse la désagréable impression que le commentateur de l'oeuvre n'était là que pour en interdire l'accès. On sous-estime l'esprit de vindicte de l'éxégète qui se venge, comme il peut, du mal que lui a donné telle oeuvre qui ne s'adressait pas à lui, mais à des esprits plus aventureux. Les oeuvres sont à la fois plus profondes et plus ingénues que ne l'envisagent les spécialistes. Leur prétendue "difficulté" n'est, le plus souvent, qu'une invention des cuistres qui s'imaginent ainsi se rendre indispensables, ou d'idéologues que les libres propos de l'auteur offusquent.

Or par un paradoxe dont le sens mériterait d'être approfondi, plus les oeuvres s'éloignent de nous dans le temps et mieux elles s'offrent immédiatement à notre appréhension; moins elles nécessitent de gloses. Ce qu'il faut savoir du temps et de la vie de l'auteur est dans l'oeuvre elle-même: là commence le chemin vers l'intérieur, ésotérique (...)

Luc-Olivier d'Algange

Axël de Villiers de l'Isle-Adam, éditions Arma Artis.

www.arma-artis.com

" Je ferme, entr'ouverts le temps d'y mettre quelque signet magistral, aux coulantes pierreries comme d'incluses richesses d'ironie et de foi, Axël et L'Eve future; et confie à vos minutes d'élection ces tomes-là, dont un, à votre choix lequel, moi je ne sais, magnifie l'auteur qui à quelque crise de son talent l'a conçu; où la conjonction des deux facultés ennemies atteste une intelligence souveraine"

Stéfane Mallarmé

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