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Un poème de Jean Parvulesco
Pour les nuages argentés d'Ecosse
le fondement de la poésie est l'espérance, comprenons
l'envol prémonitoire des grouses dans les bruyères
teintes en rouge, avec leurs tabliers en cuir bouilli,
avec le goût amer de la confession au fond de la gorge,
les intermédiaires avides de continuation s'égayent à
travers les collines: parfois une jeune femme apparaît,
que le malheur avait poussé vers les Portes de Plomb:
quand traversée les rivières ancestrales, sa chair
s'attendrit, on la dépouille de sa blanche tunique, et salée
celle-ci rejoint l'hommage à la Méridienne, sous l'allée
extrait de India, revue STYLE, été 1988
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07/03/2013 | Lien permanent
Une lettre de Jean Parvulesco.
Paris, le 9 juin 1996
Cher Luc-Olivier d'Algange,
comment vous remercier pour l'envoi que vous m'avez assez mystérieusement fait de votre méditation poétique Car les temps sont venus de rendre grâce ?
Mais cette illumination voilée, dont vous avez tenu à me faire le don prémonitoire, n'est-elle pas aussi, un signe confidentiel en sa transparence même, une annonce chuchotée sur la ligne de passage vers le coeur ardent de l'été, du plus grand été gnostique vers où se dirigent - sont occultement attirés - les nôtres, tous les nôtres ? A votre insu, avez-vous donc été pressenti pour cela, invité à donner cours ? Faire passer la consigne ?
De toutes les façons, à présent on le sait que les temps sont venus, et que nous sommes appelés à procéder en conséquence, chacun dans le lieu de sa prédestination propre et suivant le pari halluciné de sa dernière chance, du suprême péril.
Cependant, qu'importe notre propre mouvement de remontée existentielle vers l'être, si l'être lui-même n'est pas en venue vers nous ? L'épreuve ultime ne sera jamais la nôtre, mais toujours celle de l'être en marche vers lui-même.
Or, n'est-ce pas, de quoi peut-on rendre grâce, et à qui, si ce n'est à l'être lui-même, et pour le seul mouvement secret de sa remontée vers lui-même en nous, de l'abyssale décision en lui de nous revenir, de s'établir révolutionnairement en un recommencement autre ?
Tel aura été, à ce qu'il me semble, le pressentiment, l'inspiration élective pour lesquels vous avez été amené à témoigner. Voyez ce qui se loge en votre blessure.
Nous sommes en première ligne, c'est dans les ténèbres mêmes de la défaillance qui nous est imposée en ces temps que se dissimulent la stratégie subversive et les très hautes armes de la victoire finale. Nous l'emporterons sur tout: c'est bien ce qui s'était irrémédiablement fermé qui s'entrouvrira, et qui déjà nous entraîne vers le nouvel ouvert dans son incandescence si terrible.
Je reste votre
Jean Parvulesco
Que Infra Nos Nihil Ad Nos
15/02/2013 | Lien permanent
Jean Parvulesco, une voie orphique et royale
Une voie orphique et royale
"Un de ces jours, écrit Jean Parvulesco au début de son roman, le onzième, intitulé Dans la forêt de Fontainebleau,il faudra quand même que je me décide à me pencher très sérieusement sur la zone singulièrement troublante et troublée des problèmes concernant les relations actives régnant entre l'état de veille et le rêve".
Qu'en est-il, en vérité, du rêve et de la vie, et du dédoublement du rêve dans la vie et de la vie dans le rêve ? Quels sont les orées, les seuils, les passages ? Quelles diplomaties mystérieuses, quelles traversées, quels voyages, et en proie à quels périls, quels enchantements, agissent sur nous, et autour de nous, comme par réverbération, dès lors que nous quittons l'illusion de la réalité profane, de la banalité, et que nous tentons l'aventure des états multiples de la conscience et de l'être ?
On se souvient de Shakespeare, de la vie qui est un songe pour Calderon de la Barca, de l'apologue de Tchouang-Tseu sur le papillon qui rêve qu'il est Tchouang-Tseu, de Proust encore qui songea à donner pour titre à la Recherche, La vie révée; mais si l'on peut chercher d'innombrables clefs au roman de Jean Parvulesco, et à celui-ci en particulier, la seule véritable opérative, au sens alchimique, est sans doute la clef nervalienne, celle "qui ouvre les portes de corne et d'ivoire qui nous séparent du monde invisible".
Sinon quelques tentatives surréalistes, la suite à donner à l'oeuvre de Gérard de Nerval fut des plus discrètes dans une littérature française par trop vouée aux minauderies théoriques, mondaines ou pseudo-transgressives. Jean Parvulesco est l'un des rares à s'être emparé, au coeur même du vertige, de la "folie" nervalienne: folie lumineuse et ténébreuse que traversent les filles du feu. Le monde où nous introduit son roman est un monde où les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent être, de même que le roman lui-même, par une prodigieuse mise-en-abîme héraldique, est d'emblée un autre roman, le "roman perdu en rêve" et retrouvé dans le plus grand rêve de l'écriture que nous croyons être la réalité jusqu'à ce que celle-ci, à son tour, se dédouble... Dans cette logique étourdissante, où le lecteur se trouve entraîné, c'est un mouvement hélicoïdal qui domine, - la "structure absolue" dont parait Abellio, "double dialectique croisée", devenant "spirale prophétique".
Pour Jean Parvulesco, chacun d'entre nous est la proie d'un songe, mais le "chasseur subtil" sait lâcher la proie pour l'ombre car l'ombre est alors la vraie proie qui nous indique, aux heures claires, le "sentier perdu", le "mystère arthurien", par le soleil même auquel nous avons tourné le dos, - allant vers cet Extrême-Occident où les froidures sont brûlures, où la nuit polaire délivre le coeur ardent, Thulée hyperboréenne où s'est réfugiée notre "identité dogmatique", notre âme, - loin de tout et de tous, loin de ce monde d'ignominie et de désastre, en attendant la Parousie... Car, et c'est le sujet du roman, une recouvrance royale demeure possible dont le secret, ayant quitté notre "cauchemar climatisé", selon la formule de Henry Miller, s'est réfugiée dans le Songe. C'est donc une âme perdue, une Eurydice, qu'il s'agit de retrouver, par un "rituel de récupération" agissant selon "une volonté conforme au plus occulte dessein de la Divine Providence", qui s'y dénude en se revoilant". Ame perdue, celle de nos origines royales, par quoi le monde serait à la fois délivré et transfiguré comme par un souffle, une effusion paraclétique.
Ainsi, la vérité royale incarnée demeure en attente, non seulement comme une vérité oubliée, détruite, mais aussi, et surtout, comme une vérité qui ne fut jamais connue, et qui, désormais, c'est-à-dire immédiatement, exige de l'être. Et tel est précisément le sens de la "spirale prophétique" à l'oeuvre dans ce roman, repassant par les mêmes points, mais plus haut. La nostalgie royale n'est plus alors consentement à la défaite, mais pressentiment de "l'imprépensable". Le rêve alors n'est pas la vie, mais une vie plus haute, antérieure et jamais advenue. Tout le roman se déploie dans ce paradoxe, dans les concordes éblouissantes de l'effroi et du ravissement, dans cette nuit dont parle Gérard de Nerval "qui est noire et blanche".
Luc-Olivier d'Algange
Dans la forêt de Fontainebleau, éditions Alexipharmaque. 429 pages, 23 euros.
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un film de Werner Schroeter
par Jean Parvulesco :
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