04/08/2013
Le bruissement secret du sang
Ce monde fait pire que nous exploiter: il nous intime à déserter notre existence, à céder ontologiquement. Réducteur, démoralisateur, il promeut ce mélange d'hébétude et de mesquinerie constitutif d'un nouveau type humain, dont le propre est de passer à côté de tout par stupeur et vilénie.
Attendons les "révoltes logiques" rimbaldiennes, surgies des matinées d'ivresses. Le néant de l'être ne peut triompher; les plus funestes planifications cèderont devant la toute-possibilité refleurie. Elles cèdent déjà, à chaque fois que, par des mots, nous pouvons la dire. Ce n'est pas tant la volonté de résister qui est requise que la reconnaissance d'une beauté abandonnée, ressaisie, aimée, un bruissement secret du sang, - le coeur battant par la soudaine fraîcheur de l'eau qui nous saisit lorsque nous plongeons du pont, un soir de canicule, sous le ciel violet.
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Ce moment intense qui précède la victoire, - comme l'ivresse du visage perdu dans une chevelure soleilleuse, - nous dit que notre victoire sera l'abandon suprême. Victoire non sur d'autres, mais victoire en soi, sur le "moi" toujours fautif, toujours défaillant, toujours accusé, - comme le sont toutes les illusions.
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Si mon coeur devient le coeur du monde, l'oubli est boréale de la mémoire.
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Derniers ouvrages parus:
Lux Umbra Dei, éditions Arma Artis
Propos réfractaires, éditions Arma Artis
Lectures pour Fredéric II, éditions Alexipharmaque
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