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23/02/2013

Journal désinvolte de Luc-Olivier d'Algange 23/02/2013

Etre équamine est parfois, pour la pensée et pour l'âme, une simple question de survie.

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Lorsque le dévergondage du pathos et de l'outrance envahissent le monde, les temps sont venus de rejoindre "l'ermitage aux buissons blancs" dont parlait Ernst Jünger. Le désengagement s'avère être un engagement supérieur. L'intelligence, le calme, la beauté disposent l'âme à des noces plus ardentes.

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Deux pôles politiques se dégagent peu à peu du chaos. L'un va vers la société anonyme, l'autre vers le Royaume. Le choix nous appartient. Ne cédons pas à la ruse la plus éventée des idéologues qui consiste à nous faire croire que ce qu'ils souhaitent est déterminé, et qu'il ne nous reste plus qu'à suivre, bon gré mal gré, le courant "comme un chien mort au fil de l'eau" (selon l'expressive formule de Léon Bloy).

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Le déterminisme est une conquecigrue d'irresponsable.

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Le monde moderne est entièrement voulu. Ce qui fait sa force et sa faiblesse. Rien, en lui, ne correspond à l'ordre des êtres et des choses. La discordance ne domine l'harmonie qu'un temps donné.

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Le pathos agrège, abolit les distances et les déférences. Or, toute civilisation se mesure aux distances qu'elle instaure entre les individus. La "communication" qui abolit les distances est une barbarie. Intrusion, promiscuité, grégarismes, meutes, pogroms. Les hommes partagent plus communément leurs haines et leurs craintes que leurs bonheurs. Quant à l'intelligence et à la sapience, elles ne se communiquent pas, elles se transmettent.

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Etre distant: condition de la dignité réciproquement reconnue. En-deçà d'une certaine distance, le regard ne s'ajuste plus, autrui ne nous apparaît plus que d'une façon troublée, partielle, dans un "gros plan" monstrueux.

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S'éloigner, rendre hommage au lointain du monde en nous-mêmes qui vient à la rencontre. L'échange des regards, des lointains qui se croisent... Intersections d'infini, ténèbres antérieures de la pupille qui se souvient d'un "avant" de la lumière, d'un fiat lux en amont de toutes les temporalités.

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Etre présent, c'est venir, advenir du lointain infini de la présence. Adsum, me voici, dans le moment présent, comme un éclat d'écume, une promesse.

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Venir de loin,  apporter une provende scintillante, et repartir avant d'être remercié.

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L'optimiste croit que le monde de l'avenir vaudra mieux que ceux du passé, ou du présent qu'il fera disparaître. Le pessimiste croit que les mondes disparus valent mieux que ne vaudront les mondes futurs, - mais avec cet avantage logique, en faveur du pessismiste, que ce qui existe, ne fût-ce que dans la mémoire, vaut mieux que ce qui n'existe pas, et mérite davantage notre déférence. L'un et l'autre cependant, n'en demeurent pas moins des nihilistes, et non des fondateurs.

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La raison d'être du Politique, au sens noble du terme, est de disposer le monde en faveur de la poésie. Les règles politiques, lorsque la politique n'est pas subjuguée par l'économie, sont de l'ordre de la prosodie. Il appartient ensuite au génie des peuples et des individus d'exalter cette prosodie en poésie. Les subtiles règles du sonnet, certes, valent ce qu'en font les poètes, - mais ce qu'ils en font est irrigué par les puissances de la langue elle-même dont la trame se révèle dans la poétique transmise. La beauté créée est un tout supérieur aux parties qui la composent. L'auteur, la langue, le monde conjurent au resplendissement d'une vérité qui les dépasse.

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Derniers livres parus:

Lux umbra dei, éditions Arma Artis

Propos réfractaires, éditions Arma Artis

Lectures pour Frédéric II, éditions Alexipharmaque

Entretiens avec des Hommes remarquables (collectif), préface d'Alain de Benoist, éditions Alexipharmaque

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www.alexipharmaque.net

 

 

 

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