26/07/2013
Journal désinvolte 26/07/2013
La démocratie qui n'est pas, en soi, un mauvais concept, est devenue le nom de l'arrogance occidentale moderne. La société qu'elle veut imposer est un piège qui donne à croire que tant que l'on n'est pas piégé ostensiblement, on est libre. Chaque homme piégé attribue sa servitude, non au système global mais à quelque infortune qui lui serait propre, et dont il pourrait se libérer par l'argent, - et pour en gagner, il resserre encore les tenailles du piège où il s'est fait prendre.
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L'idéal du "plein-emploi" est un horizon de servitude généralisée. Pour y atteindre, la société de contrôle travaille à interdire la possibilité de la vie frugale, épicurienne.
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La société telle qu'elle s'impose à nous reste incompréhensible si l'on n'y discerne pas un fonctionnement qui, en tout, a pour finalité la réduction de la vie à son exercice le plus étroit, le plus contraint, le plus embarrassé et le plus décevant. Ce fonctionnement et sa finalité constituent l'idéologie dominante du Moderne, sa théorie et sa praxis. Ce qui fut grand et gradué, le faire petit et plat; ce qui fut libre, l'enchaîner et le contrôler; ce qui fut divers, l'uniformiser; ce qui fut inépuisable, le comptabiliser; ce qui fut mystérieux et vivant, le tuer et le dissequer.
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Je ne puis me défendre du sentiment que l'écriture demeure un acte magique. Si galvaudée qu'elle soit ( mais peut-être de moins en moins galvaudée, de plus en plus rare) elle tient, de son commencement à sa fin, une suite d'actes, entre eux reliés, une procession de gestes qui, allant de l'invisible pensée à la visible écriture, et de celle-ci à l'invisible pensée d'un lecteur, et de la profondeur du monde, résume en elle ce qui, dans toute magie, relève de la manifestation.
C'est un monde profond qui advient par des signes tracés, - un monde qui fût demeuré hors d'atteinte, un monde qui est à l'intérieur du monde et cependant révèle et fait resplendir le monde extérieur de toute l'intensité de ses symboles. Quiconque eut, ne fût-ce qu'un instant, cette expérience sait que désormais, pour lui, tout ce qui n'est pas magique est mort; car cette expérience, cette traversée du péril, est aussi ce qui sauve, ce qui fait passer une part de nous-même, l'impondérable, de cet autre côté, où tout ce qui importe est sauvegardé, où toute chose dite contre le monde profané, verdoie.
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