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17/07/2013

De la société de contrôle (suite)

Face à la société de contrôle (qui succède aux sociétés disciplinaires), il faut agir comme si nous n'étions pas contrôlés. La victoire de ce Big Brother est acquise sitôt nous jaugeons nos propos au regard de sa présence. L'auto-censure est la plus parfaite réalisation de la censure. La crainte qu'exerce le contrôle fait partie du contrôle.

La société de contrôle veut que nous sachions qu'elle nous contrôle. Ce savoir cependant est à double tranchant. Ces questions furent magistralement traitées par Ernst Jünger dans son Traité du rebelle, - livre qui, au lieu du pâle Indignez-vous, devrait  être le  viatique  de ceux qui entendent sauvegarder en eux, et pour d'autres, une part d'irréductible souveraineté.

 

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La société de contrôle a pour finalité de nous inscrire dans une statistique, de réduire l'humanité à des données statistiques. Stade ultime de ce qu'Heidegger nommait la "pensée calculante" et René Guénon, "le Règne de la Quantité". La lutte contre le crime, en l'occurrence, est un argument tartuffesque. Tartuffe, au demeurant, est devenu la figure tutélaire de notre temps. Nous sommes passés des dieux aux titans et des titans à Tartuffe, - en attendant le retour des dieux qui viendront des confins oubliés, des brumes d'or, magnamines, pour nous sauver en dépit de nous-mêmes.

Notre tâche: garder en nous une attention pour répondre à leur appel et un vide lumineux pour les recevoir.

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Ceux qui nous reprochent nos erreurs ou nos faiblesses et nous félicitent de nos victoires et de nos forces (et, pire encore, ceux qui font l'inverse !) oublient que toutes elles s'entretissent pour nous faire ce que nous sommes. Nos défaillances inventent nos plénitudes; d'errer nous enseigne la voie droite. Nos paresses rassemblent nos forces; nos oublis sont le tracé ou le relief de notre mémoire; nos abandons sont les signes de nos reconquêtes.

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Tout espoir repose sur ceux qui préfèrent obéir à un Maître qu'à une Machine, sous condition que le Maître ne soit pas lui-même l'esclave d'une Machine.

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La pensée européenne, avant qu'elle ne devienne occidentale, fut une conversation avec les mythes non moins qu'avec la raison.

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Le propre de l'Ordre est d'être secret, - comme celui de l'éternité est d'être sise dans l'instant. Hors du contrôle du temps de l'usure.

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L'individualiste moderne est d'abord un homme incapable de se réjouir du bonheur d'autrui et de la gloire de ce qui est plus grand que lui. Son châtiment est la tristesse, - une sorte de morosité hargneuse, ricanante, qui en fait un personnage ennuyeux et antipathique, vétilleux et mesquin; toutes particularités qui en font aussi un être parfaitement contrôlable.

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Contre le contrôle, s'enraciner dans ce qui ne peut encore être entièrement contrôlé: les forêts, les océans, le cosmos, les dieux antérieurs. Nous percevons les dieux antérieurs non comme des allégories ou des métaphores, mais comme des advenues premières, protectrices, qui bruissent et scintillent à nos oreilles, nos yeux, circulent dans notre souffle et notre sang. Ces présences reverdissent dans notre incontrôlable ferveur.

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Le soleil tournait à travers des apparences de fleurs, les yeux brillaient, les épaules nues laissaient le soir d'été s'attarder sur leurs courbes précises; point de musique, tout était musique; des coulées de fraîcheur aux cheveux encore soleilleux; l'horizon couvait un feu de légende.

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Lectures pour Frédéric II, éditions Alexipharmaque

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