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28/02/2013

Journal désinvolte 28/02/2013

Le sort réservé aux meilleurs de nos écrivains ne plaide guère en faveur de la société qui s'est emparée de ce pays.  Du dix-neuvième siècle, il semblerait que nous eussions hérité plus particulièrement des "ligues de vertu" (pseudo-féministes, -anti-racistes,- hygiénistes, - démocratiques, - religieuses etc...) qui surveillent les esprits, donnent et refusent l'imprimatur pour des "raisons" dont Théophile Gautier se moquait déjà dans son exquise et virevoltante (et redevenue, dans son propos, contemporaine au suprême) préface à Mademoiselle de Maupin.

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Les esprit qui tombent sous ce joug puritain, et n'ont pas assez de coeur ou d'étoffe pour le défier ou l'ignorer, voient leur langue réduite à un idiome étrange, où certains mots sont proscrits, où d'autres acquièrent un sens fallacieux et figé. Ce n'est  plus la langue de bois, qui sonnait creux, mais une langue de plastique, - mais sans plasticité, lisse et dure comme un monde parfaitement imperméable au réel.

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Lorsqu'il y a trop de raisons de se tirer une balle dans la tête, l'acte n'en vaut plus la peine.

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Nos ennemis nous veulent à leur ressemblance, plein de rancoeurs, rongés par cet "ulcère de l'âme", l'envie. Ils nous taquinent en espérant susciter en nous le même sentiment de grief qu'ils éprouvent à notre égard, et qui les ronge. La fascination que nous exerçons sur ceux qui nous haïssent voudrait une réciprocité, une contre-partie. Ceux qui n'ont presque plus de raison voudraient nous la faire perdre: prosélytisme du toxicomane, - ce qui rend tout prosélytisme suspect. Veut-on nous faire partager un bienfait, ou une tare ?

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Dans la prosélytisme idéologique, la pression morale s'exerce presque toujours pour nous faire renoncer à un plaisir des sens ou de l'intelligence, et perdre notre désinvolture. La joie est chez ces gens-là, un argument contre. Plus honnêtes hommes sont les écrivains qui racontent, pensent, poétisent, suspendent leurs jugements et font de leurs tristesses mêmes le principe d'intenses joies artistiques.

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L'époque moderne, prétendument "éclatée", festive, libérée, est la mieux étouffée par un prosélytisme maniaque, lancinant et sinistre dont les saturnale elles-mêmes ne sont plus que l'expression commerciale et bien-pensante.

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Entre la fête dionysiaque, antique ou médiévale, et la fête moderne, la différence est que l'une était en contrepartie de l'ordre apollinien ou théologique, un suspens, alors que l'autre est l'expression bruyante de l'ordre établi.

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Le totalitarisme advient lorsque les saturnales ne sont plus le retournement de l'ordre établi, mais son prolongement, lorsque l'ordre est plat, pure planification, sans avers ni envers. Idéologie dominatrice, sous des aspects divers en apparence contradictoires; extraordinaire puissance des sucs gastriques pour dissoudre et digérer les subversions, et qui ne trouvera en face d'elle que de calmes adeptes des causes perdues... Nous soulignons le calme car tout énervement nous prive de notre nerf, de notre force nerveuse, et nous fait glisser en tous sens sur des surfaces planes disposées à cet escient: faire de nous des êtres de nulle part, dans un relativisme général. Le plan, au demeurant, est incliné. Il nous verse dans une indistinction semblable à la mort.

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Les merveilleuses croyances où les hommes continuent à être distingués après leur mort apparaissent comme une riposte à la toujours menaçante indifférentiation des vivants. Si nous ne sommes pas interchangeables après la mort, l'honneur de la vie est sauf.

 

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Derniers livres parus:

Entretiens avec des Hommes remarquables (collectif), préface d'Alain de Benoist, éditions Alexipharmaque

Propos réfractaires, éditions Arma Artis.

Lux umbra dei, éditions Arma Artis.

www.alexipharmaque.net

www.arma-artis.com

 

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