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05/12/2021

Poème pour Ezra Pound, traduction de Carlos Camara et Miguel Angel Frontan:

( très belle traduction en espagnol, précédée de la version en français) 

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Luc Olivier d'Algange

Homenaje a Ezra Pound

 

L'ANGE DE LA FACE

 

Et comme jamais, la syzygie de la lumière;

elle chantera de nouveau

            regardant la mer inoubliable de la cinquième dynastie

et dans le souvenir de la forme dorienne d'Hélios

            ou encore au coeur du nocturne végétal....

Alors ils arrivèrent à Oxalhunca,

mais ce furent eux qui donnèrent les noms aux districts, aux puits, aux villes...

Dépouillés des insignes, nous errions

sous les aspects ténébreux, les surplis de la flamme noire

car les temps sont venus de tout dire !

" Anna Livia ! je veux tout savoir d'Anna Livia !"

Et de la liturgie astrale des Sabéens,

            et d'Amon-Ré

            et des prêtres de Hiéropolis...

Issus du labyrinthe des clartés et des fraîcheurs du deuxième crépuscule avant la fin,

            nous souvenant

des hommes-lumière de la Sveta-dvipa, l'Ile blanche dont l'éclat ressemble à la

splendeur manifestée du soleil lorsqu'approche le moment

de la dissolution de l'univers.

Et plus loin de nous encore, de quelque obscure superstition,

            la fragile cosmogonie de notre amour.

 

Alors les Anges sont venus

            posant sur nos fronts l'aube de leurs ailes...

en d'autres temps.

Dans l'île de Chio, il y avait autrefois un visage de Diane qui paraissait triste à ceux qui

entraient et joyeux à ceux qui sortaient...

Il y avait un laurier planté sur le tombeau de Bribia roi du Pont.

Les morts sont plus nombreux et nos souvenirs sont plus anciens.

Ils passent au-dessus des ruines de notre mémoire.

            Et voici, dit Corneille-Agrippa,

            les 72 Anges porteurs du nom de Dieu,

Schemhamphoras

et leur Table.

 

            " Tout ce que j'avais vu jusqu'ici n'était rien en comparaison de ce que l'on

promettait de me faire voir".

 

Et de plus loin encore, les Anges sont venus sur l'horizon doré

au-dessus des villes de Toulouse et de Bordeaux

            ce 12 Janvier 1986, en prophétie

des chevaleries de l'Aurore

et dans la profonde mélancolie échue de la couleur verte

à notre destin,

couleur de la juste doctrine...

                        Venus de l'orée miroitant, ils nous entourèrent

tandis que, vers la place Gemme de Dioscure,

je marchais dans la rue paramnésique

reconnaissant, je le jure, chaque visage.

Et, lentement, dans nos habits de fête, avec le pressentiment

d'une Loi incompréhensible, nous devenions inoubliables

            sauvés par l'aurore boréale de la Mémoire !

 

Car n'est-il point venu, clair, d'une déconcertante clarté

            le temps des derniers empires

dont les chants nous accompagnent avec le déclin

du derniers dieu souffrant ?

Où donc, l'interstice des mondes ?

                                   A Göttingen, où je suis né, dans l'heure blanche qui précède

Aurora Consurgens, je relisais la Götzen Dämmerung

et les Dionysos dithyramben

dans l'Alfred Krönx Verlag,

            en me souvenant des liturgies zoroastriennes de Sohravardî

            "suspendu au tabernacle de l'Exaltation et de la Gloire",

et j'entendais bruire

                                   au dessus de moi

                                   dans l'heure bleue sombre

les Ailes de Gabriel

n'y pouvant rien.

 

Mais l'été à son tour disparaît à une puissance nouvelle

et les eaux claires sont le pardon.

Tout est vrai, rien n'est permis.

            Nous arrivions en des Pays qui portaient déjà

            les noms de notre pressentiment...

Les horloges se dissolvent en une écume noire sous les phases lunaires et les rêves

inquiétants. Mais pour conjurer

            le Sort,

            j'offris à Vénus, la verveine, à Mercure, le quintefeuille

            et à Saturne, l'asphodèle.

 

Nous vivions dans l'inquiétude, la lucidité et l'espoir.

Etait-ce le "commencement perpétuel"

            dont parle Jacob Böhme (Mystérium Pansophicum)

ou bien la toute dernière chance des épithalames ?

Qui saurait le dire ?

            " L'esprit de profondeur ne meurt point".

Nous eussions aimé que les idées devinssent des icônes;

non plus des fins

            mais des aurores

            comme la Maison-Dieu ou l'Impératrice des Tarots.

Hommage à vous, cathédrales, obscurités, symboles -

            en ce non-pays aux terrasses d'or,

            belles comme l'affabulation spectrale d'un paon nocturne,

sur la soleilleuse tragédie de l'horizon...

            Et la resplendissante chorégraphie des nuages...

 

Tu me regardes encore à l'angle du dyptique de la nature

et de la Surnature, belle comme l'Eurydice platonicienne

dont parle Ange Politien.

La Magie Naturelle précise qu'entre les pierres

                        dépendent de Vénus,

le béril, la chrisolithe, l'émeraude, le saphir, le jaspe vert, la cornaline, "et toutes celles

qui ont une couleur belle, changeante, blanche ou verte".

                                   Ainsi, Fluvia d'Eliasem me reçut dans sa mémoire,

vaste palais ardent disjoignant le songe du sommeil...

 

Venus de l'autre côté de l'horizon avec les tendres feuillages de l'enfance,

nos yeux se heurtèrent aux fenêtres inhabitées...

Les Pâques du silence vivaient dans la pierre de nos mains.

            O Agathe au démon, une ombre bleue sur ton front

            présageait la terreur

de la grande nuit de l'été.

 

Au dessous de Tiphéreth, l'Eclair étincelant allumait

            les piliers de la Miséricorde et de la Rigueur,

            entre Netsach l'Eternité, et

            Hod, la Réverbération.

Tout cela se passait à Toulouse pour une heure

            il punto a cui tutti li tempi son presenti.

Un cercle de feu tournait autour de nous, Ariel me souriait, et dans la ténébreuse

béance de ses pupilles, mon image pour la première fois délivrée de ses miroirs parjures

montrait

            un visage d'éternité.

Et l'ombre bleue sur mon front présageait les temps venus de tout dire

                        et la grande nuit polaire

                        et la fragile cosmogonie de notre amour.

 

O lîlâ, jeu des nesciences dont nous fûmes délivrés -

            et le souvenir d'Amon-Râ, au-delà des appartenances

            de l'espace et du temps

                        dove s'appunta ogni ubi ed ogni quando

car Il dit: "ne vous souciez pas du lendemain" - par les labyrinthes d'air d'un feuillage.

Il dit: "laissez les morts enterrer les morts" - et l'aube diadémée exile

            au front noir des roses de sel l'ultime apparence des plus nombreux....

tandis que les rares marchent à légers pas de fantômes

                                   vers l'Etoile Flamboyante.

 

Nous nous souvenions de la Loi des Ages dont parlait Hésiode.

            " Et plût au ciel que je n'eusse pas à mon tour à vivre

au milieu de ceux de la cinquième race... Alors,

quittant pour l'Olympe la terre aux larges routes, cachant leurs beaux corps sous des

voiles blancs, Conscience et Vergogne, délaissant les hommes, monteront vers les

Eternels".

 

            Le bondissement cadencé

            des lignes télégraphiques

me rapprochait des bleuïssantes seigneuries de la mer.

En ces temps lointains - l'Age d'Or dont parlait Hésiode...

Car je suis né avant la victoire des Titans

                        in Héliopolis Magna

Et comme Hermès-Thoth-Mercure, sous le signe Gemme de Dioscure,

je fus le scribe de l'Ennéade divine,

créateur de langues,

Grand Magicien des Sphères au côté de Ptah

et Maître des cycles du Temps, il me souvient...

                        " Dans les espaces éternels

                        Se voient de toutes parts les traces

de l'écroulement des mondes".

Ainsi vivions-nous dans le siècle de l'arc-en-ciel,

            gardant mémoire d'elles de pluies claires maudites...

De hautes ombres précédaient notre déroute. Au coeur de la nuit

            s'ouvrait l'Aigle des transparences.

 

Et la blancheur d'or dans la cartographie des songes...

            fenêtres boréales ouvertes sur le front du ciel -

Le sommeil nous fut un jardin prophétique,

une arborescence de lumière....

                                                    car il était dit, enfin,

que nous allions tomber hors du Temps.

 

" Dans l'étendue infinie des planes de Saturne...",

soudain je me souviens du poème d'Hermann Broch,

les longues phrases du Feu ( la Descente) et de la beauté,

                        une fois atteinte la limite du Temps...

Et Virgile soudain

éclaire la mémoire, après l'Alighieri,

            dans ce train, entre deux villes natales

            entre deux mondes - où vers les seigneuries d'Annabel Lee.

" l'épaule penchée contre son genou, et il avait lu l'Egloge de la Magicienne..."

Au-dehors, des champs de tournesol se glorifiaient dans le bleu crépusculaire

et ma compagne souriait dans son sommeil.

            O Geilissa, des noms de dieux appris dans l'enfance venaient à ma rencontre

peuplant le grand espace désert de notre espoir...

            Atrée, Camira, Astypalaea...

Nous cheminions avec douceur, et sans crainte vers l'ancienne cité.

                                                                                                                                                                                    EL ÁNGEL DEL ROSTRO

 

Y como nunca antes, la sizigia de la luz;

volverá a cantar

      mirando el mar inolvidable de la quinta dinastía

 

y en el recuerdo de la forma dórica de Helios

      o hasta en lo hondo del nocturno vegetal…

Entonces llegaron a Oxalhunca,

pero fueron ellos quienes dieron nombre a los distritos, a los pozos, a las ciudades…

Despojados de las insignias, errábamos

bajo los tenebrosos aspectos, las sobrepellices de la llama oscura,

¡porque ha llegado el tiempo de decirlo todo!

“¡Anna Livia, quiero saberlo todo de Anna Livia!”

Y de la liturgia astral de los sabeos,

      y de Amón-Ra

      y de los sacerdotes de Hierópolis…

Salimos del laberinto de las claridades y del aire fresco del segundo crepúsculo antes del fin,

      acordándonos

de los hombres-luz de la Shveta-dvipa, la isla blanca cuyo fulgor semeja al

esplendor manifestado del sol cuando se acerca el momento

de la disolución del universo.

Y más lejos de nosotros aún, de alguna oscura superstición,

      la frágil cosmogonía de nuestro amor.

 

Entonces los ángeles llegaron

      y posaron en nuestras frentes el amanecer de sus alas…

en otros tiempos.

En la isla de Quíos había antaño un rostro de Diana que les parecía triste a los que entraban y alegre a los que salían…

Había un laurel plantado en la tumba de Bribia, rey del Ponto.

Los muertos son más numerosos y nuestros recuerdos más antiguos.

Pasan por encima de las ruinas de nuestra memoria.

      Y aquí están, dice Cornelio Agripa,

      los 72 Ángeles que portan el nombre de Dios,

Shemhamphoras

y su Tabla.

      “Todo lo que yo había visto hasta aquí no era nada comparado con lo que prometían hacerme ver.”

 

Y desde más lejos aún, los Ángeles llegaron al horizonte dorado

por encima de las ciudades de Tolosa y Burdeos

      este 12 de enero de 1986, en profecía

de las caballerías de la Aurora

y en la profunda melancolía que cae del color verde

en nuestro destino,

color de la justa doctrina…

            Llegados del linde, refulgentes, nos rodearon

mientras que, hacia la plaza Gema de Dioscuro,

yo caminaba por la calle paramnésica,

reconociendo, lo juro, cada rostro.

Y, lentamente, con nuestros trajes de fiesta, presintiendo una ley incomprensible nos volvíamos inolvidables,

      ¡salvados por la aurora boreal de la Memoria!

 

Ya que, ¿acaso no ha llegado, claro, con una desconcertante claridad

      el tiempo de los últimos imperios

cuyos cantos nos acompañan con el ocaso

del último dios doliente?

¿Dónde está, pues, el intersticio de los mundos?

                  En Göttingen, donde nací, en la hora blanca que precede

a Aurora Consurgens, yo releía la Götzen Dämmerung

y los Dionysos dithyramben

en el Alfred Krönx Verlag,

      recordando las liturgias zoroastrianas de Sohravardî

      “suspendido del tabernáculo de la Exaltación y de la Gloria”,

y oía el murmullo

                  por encima de mí

                  en la hora azul oscura

de las Alas de Gabriel,

sin poder hacer nada.

 

Pero el verano desaparece, a su vez, ante un nuevo poder

y las aguas claras son el perdón.

Todo es verdadero, nada está permitido.

      Llegábamos a países que ya llevaban

      los nombres de nuestro presentimiento…

Los relojes se disolvieron en una espuma negra bajo las faces lunares y los sueños inquietantes. Pero para conjurar

      la Suerte,

      le ofrecí a Venus la verbena, a Mercurio el quinquefolio

      y a Saturno el asfódelo.

 

Vivíamos en la inquietud, la lucidez y la esperanza.

¿Era el “comienzo perpetuo”

      del que habla Jacob Böhme (Mysterium Pansophicum)

o bien la última posibilidad de los epitalamios?

¿Quién podría decirlo?

      “El espíritu de profundidad nunca muere.”

Nos habría gustado que las ideas se transformaran en íconos;

no finales

      sino auroras

     como la Torre o la Emperatriz del Tarot.

Que mi homenaje vaya a las catedrales, a las oscuridades, a los símbolos—

      en este no-país de terrazas de oro,

      hermosas como la fabulación espectral de un pavo real nocturno,

sobre la soleada tragedia del horizonte…

     Y la resplandeciente coreografía de las nubes…

 

Tú me me miras de nuevo en el ángulo del díptico de la naturaleza

y de la Sobrenaturaleza, bella como la Eurídice platónica

de la que habla Angelo Poliziano.

La Magia Natural establece que de las piedras

                 las que dependen de Venus son

el berilo, el crisólito, la esmeralda, el zafiro, el jaspe verde, la cornalina, “y todas aquellas

que tienen un color bello, cambiante, blanco o verde”.

                    Fue así como Fluvia de Eliasem me acogió en su memoria,

vasto palacio ardiente que separaba la ensoñación del sueño…

 

Llegamos desde el otro lado del horizonte con los tiernos follajes de la infancia y nuestra mirada chocó con las ventanas deshabitadas…

Las Pascuas del silencio vivían en la piedra de nuestras manos.

      ¡Oh Ágata endemoniada, una sombra azul en tu frente

      presagiaba el terror

de la gran noche del estío.

 

Debajo de Tipheret, el Relámpago brillante alumbraba

    los pilares de la Misericordia y del Rigor,

    entre Netsach, la Eternidad, y

    Hod, la Reverberación.

Todo eso ocurría en Tolosa durante una hora

      il punto a cui tutti li tempi son presenti.

Un círculo de fuego daba vueltas en torno a nosotros, Ariel me sonreía, y en la tenebrosa

apertura de sus pupilas mi imagen, por primera vez librada de sus espejos perjuros,

mostraba

      un rostro de eternidad.

Y la sombra azul en mi frente presagiaba que había llegado el tiempo de decirlo todo:

                  la gran noche polar

                  y la frágil cosmogonía de nuestro amor.

 

Oh Lîlâ, juego de nesciencias del que se nos ha librado—

      y el recuerdo de Amón-Ra, más allá de la dependencia

     del espacio y del tiempo

                 dove s’appunta ogni ubi ed ogni quando

ya que Él dijo: “no os preocupéis por el mañana” —por los laberintos de aire de un follaje.

Él dijo: “dejad que los muertos entierren a sus muertos” —y el alba con diademas destierra

      en la frente negra de las rosas de sal la última apariencia de los más numerosos…

mientras que los menos caminan con ligeros pasos de fantasma

                  hacia la Estrella Flamígera.

 

Nos acordábamos de la Ley de las Edades de la que hablaba Hesíodo.

      “Y quiera el cielo que no tenga yo a mi vez que vivir en medio de los de la quinta raza… Entonces,

Dejando por el Olimpo la tierra de las anchos caminos, ocultando sus hermosos cuerpos bajo velos blancos, Consciencia y Vergüenza, abandonando a los hombres, subirán hacia los dioses eternos”.

 

     Los brincos acompasados

     de las líneas telegráficas

me acercaban a los azulados señoríos del mar.

En esos tiempos lejanos —la Edad de Oro de la que hablaba Hesíodo…

Porque nací antes de la victoria de los Titanes

                  en Heliópolis Magna,

y como Hermes-Thoth-Mercurio, bajo el signo Gema de Dioscuro,

yo fui el escriba de la Enéada divina,

creador de lenguas,

Gran Mago de las Esferas al lado de Ptah

y Maestre de los ciclos del Tiempo, según recuerdo…

                  “En los espacios eternos

                   por todas partes se ven las huellas

del hundimiento de los mundos”.

Así vivíamos en el siglo del arco iris,

      conservando la memoria de ellas, de claras lluvias malditas…

Altas sombras precedían nuestra huida. En lo hondo de la noche

      se abría el Águila de las transparencias.

 

Y la blancura de oro en la cartografía de los sueños…

      ventanas boreales abiertas en la frente del cielo—

El sueño fue para nosotros un jardín profético,

una arborescencia de luz…

                                                  ya que había sido dicho, en fin,

que íbamos a caer fuera del Tiempo.

 

“En la superficie infinita de los arces de Saturno…”,

me acuerdo de pronto del poema de Hermann Broch,

las largas frases del fuego (el Descenso) y de la belleza,

                   una vez alcanzado el límite del Tiempo…

Y Virgilio de pronto

ilumina la memoria, después del Alighieri,

      en este tren, entre dos ciudades natales

      entre dos mundos o hacia los azulados señoríos de Annabel Lee.

”Con los hombros inclinados hasta las rodillas, y él había leído el Eglogio de la Maga…”

Afuera, campos de girasoles se exaltaban en el azul crepuscular

y mi compañera sonreía dormida.

      Oh Geilissa, nombres de dioses aprendidos en la infancia me salían al encuentro

llenando el gran espacio desierto de nuestra esperanza…

      Atreo, Camira, Astypalaea…

Avanzábamos despacio y sin temor hacia la antigua ciudad.

 

Traducción, autorizada por el autor, de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán.

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