08/11/2021
Luc-Olivier d'Algange, D'un regard j'ouvre le ciel, poème:
Luc-Olivier d'Algange
D'un regard j'ouvre le ciel
D'un regard j'ouvre le ciel, - mémoire dans laquelle nous étions enclos
comme la cigale dans le bruissement brûlant de l'air.
Loué soit l'Apparaître, imperceptible argent sur la feuille des oliviers !
D'un regard paisible sur la blondeur de la lumière,
voici que vient à nous l'outre-mer de la vision
avec ses houles de siècles, écumes
depuis quel fond d'azur et Dit d'Ennéades...
D'un regard qui se retourne et revient
comme un oiseau dont les ailes tremblent,
son envergure immobile dans les souffles contraires,
voici les peuples et les armes,
le calme et la fureur de l'infime et de l'immense,
le nimbe ardent entre les colonnes élevées
par dévotion humaine, et l'ombre qui se divise,
blanche et noire à la rencontre du jour.
Intarissable ce souffle dans nos cheveux devant la mer
et la légende qui s'éveille en nous...
Louées soient les nuées où les mots étamés de soleils
verdissent le noir des lourds portails de bronze !
Loués soient les grimoires enluminés par des pinceaux crépusculaires
pour dire la blancheur des buissons ardents et la résurrection !
Un seul regard suffit: l'échancrure des nues
s'abandonne dans le torrent qui sut les dédales et les prophéties,
les lauriers et les nymphes, la proue ascendante
sur la houle venue de loin...
Louée soit ta venue à la parole ardente et buissonnante.
Louée pour le règne et ses voiliers
et la gorge où mon front repose.
Louée par le biais du feu et de l'air...
Arme ta nonchalance contre le monde étroit !
Eveille les violents jardins !
et ce printemps simple et dur comme une amande.
Laisse rouler les fades volutes du revivre.
C'est ici que s'ouvre le ciel dans la tempête silencieuse,
c'est ici que l'air en hirondelles se change !
Arme-toi de fidélité, accepte le don des Néréides.
Que d'Est en Ouest la grande houppelande ancestrale
te protège, - Tradition non point figée dans un faux-midi sépulcral
mais passes depuis de la nuit blanche jusqu'aux fortins de l'aube,
et douce encore comme une pluie sur ton visage fiévreux.
Point d'ombre dont le zénith ne soit clair comme un cri de joie,
un Jamais qui s'efface dans la lumière: l'instant est
cette arche où fleurissent les éclats sur l'eau.
Va jusqu'au seuil où les Temps sont au retour.
Un signe viendra te saluer dans ta solitude
et couronner les arbres d'or dans la paix terrestre.
Va à ta guise qui est celle du temps qui fane et fleurit,
entre les murs d'un jardin, dans l'enclos d'un vendredi saint
où le vert et le blanc tombent
comme un ciel à l'intérieur d'un ciel...
Le plus intime est au-delà, colombiers, coupoles
dans la proximité extrême des choses insondables.
Le plus profond scintille à la surface, schiste bleu.
L'imminence est la nuit des temps
qui revient comme une douce fraîcheur dans les fièvres noires...
Va dans l'ombre de la mer et dans l'espérance de la terre
et dans sa réplique stellaire;
les oiseaux-flammes de Midi encerclent le vent
d'un regard immense...
Les temps sont venus: arme-toi, dérive,
laisse les pensées venir comme échappées d'un livre impondérable
abandonné sur un muret au au bord de la mer
et dont le vent tourne les pages et emporte les signes...
Que ton entendement soit cette rose des vents.
Le feu, la pureté sont les Amies.
Elles sont une apocalypse calme au fond des yeux.
Des millénaires chantent dans leurs ramures d'étoiles...
Tu sais venir de loin, mais d'un Couchant
qui détient, en cercle, le secret de l'aurore.
Tes mots seront des dauphins aux cols scintillants
qui bondissent dans les échos de la mer.
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