08/05/2014
Au seul nom d'une déesse phénicienne, aux éditions Alexipharmaque:
Au seul nom d'une déesse phénicienne, sous ce titre énigmatique et alexandrin, mais limpide à ceux qui savent que cette déesse n'est autre qu'Europe, Luc-Olivier d'Algange poursuit sa méditation débutée, aux éditions Alexipharmaque, par L'Ombre de Venise, et poursuivie par Le Songe de Pallas et Lecture pour Frédéric II. L'ensemble composant une tétralogie de combat, mais secret, "léger et silencieux" selon la formule de Nietzsche, en faveur de certaines ressources oubliées de la culture européenne, - qui n'est pas tant menacée par des forces exotiques que par l'occidentalisation du monde en tant que "pensée calculante" et "règne de la Quantité".
Cette menace, à laquelle il faut répondre, pèse non seulement sur notre culture, en tant qu'héritage, mais encore, plus immédiatement, et plus profondément, sur nos facultés de percevoir et de penser. Une restriction, nous dit Luc-Olivier d'Algange, est au travail; une restriction qui porte atteinte, en même temps, au sensible et à l'intelligible et contre laquelle, cependant, des puissances demeurent en réserve. Les temps sont venus de désempierrer les sources, d'invoquer les déesses et les dieux refugiés dans l'armorial de nos songes et de notre langue.
Luc-Olivier d'Algange évoquera ainsi les dionysies du corps, de l'âme et de l'esprit, depuis Dionysos qui fait "danser la terre" et que servent, comme disait Euripide, les matelots sur le bateau d'Ulysse, - jusqu'à Pessoa, dont la vie et l'œuvre sont encore la réponse d'Ulysse à Polyphème: " Mon nom est Personne".
Dans ce voyage, le lecteur est invité à rencontrer quelques auteurs emblématiques: Novalis, que Luc-Olivier d'Algange approche dans sa perspective philosophale et romane; Ernst Jünger et Julius Evola, dans "l'œil du cyclone"; Raymond Abellio, le seul héritier du Balzac gnostique et swedenborgien, qui écrit le roman paraclétique du "huitième jour"; D'Annunzio même, qui fait flamber dans le crépuscule d'une civilisation, le lyrisme politique de Homère, de Virgile et de Dante; Dominique de Roux enfin, dont l'œuvre rassemble les hommes et les œuvres, les signes et les intersignes qu'il nous faudra jeter dans le creuset du "feu central de l'être", dans l'athanor de nos consciences, pour reconquérir la parole perdue.
Cette essai de recours et de recouvrance est de ceux qu'écrivent les poètes qui sont à la fois héritiers et aventuriers.
Gabrielle Mafarka, Le Cygne Noir, avril 2014.
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